"Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi!"
Jamais je n'oublierai ce beau printemps de 1968 au cours duquel les petits bourges
trop bien nourris et trop gâtés partirent en révolution contre tout ce que leurs parents
avaient patiemment mis en oeuvre pour assurer leur bien-être ainsi que leur prospérité.
Je pense notamment à tous ces braves gens qui se sont dépensés sans compter pour
faire fortune pendant la guerre. Mais pas seulement. N'oublions pas tous ceux qui ont pu
se faire plein de fric après. Ca s'y prétait pas mal également, pour qui savait y faire.
Toutefois, là n'est pas la question.
L'évocation de 68 me titille la machine à souvenirs à cause, bizarrement, de toutes ces
histoires à la con de burqas et de niqabs dont on nous bassine à longueur de temps
depuis plusieurs mois ( voir Burqa ). Le rapprochement ne saute pas aux yeux et il faut s'accrocher pour arriver à voir le rapport. Mais je crois, après avoir opéré un retour sur
moi même, comprendre de quoi il retourne.
L'explication repose sur les caractères spécifiques de la mentalité des glorieux révolutionnaires dont l'action demeure dans tous les esprits comme un des faits les plus
remarquables de la seconde partie du siècle dernier. Je veux parler de deux traits
particulièrement significatifs, naïveté prétentieuse et panurgisme pathologique.
La conjonction de ces particularités offrait une chance historique à des aberrations
intellectuelles invraisemblables telles que maoïsme ou anarchisme, de prospérer sur
le terreau fertile de la contestation, structure fondamentale de toute pensée politique qui
se respecte.
Tout ce charabia pour vous expliquer que ces cons là prenaient d'autant plus facilement
des vessies pour des lanternes qu'ils employaient l'une pour uriner sur l'autre et, du coup,
n'y voyaient plus rien. Avec, toutefois, le sentiment profond de faire avancer la société vers
un futur radieux, collectivement idéalisé.
La naïveté poussée à son extrème les portait à croire aux âneries qu'ils proféraient avec
l'emphase qui sied à ceux qui font de belles déclarations devant les assemblées
générales vociférantes autant que camaradesques.
Le panurgisme béât les conduisaient à suivre docilement les instructions émanant des
petits gourous de la gauche révolutionnaire tireuse de ficelles, sur fond de jolis slogans
propres à engendrer l'enthousiasme et à stimuler les fougues juvéniles.
"Sous les pavés la plage"," il est interdit d'interdire", "C.R.S.-S.S", "ce n'est qu'un début continuons le combat", "cours, camarade, le vieux monde est derrière toi" et autres
niaiseries du même calibre, constituaient le socle intellectuel de la belle révolution des
petits merdeux du baby-boom.
Oui mais, me direz vous, et la burqa dans tout ça?
Patience, j'y viens.
La jolie révolution a fini par caguer, par se diluer dans le bouillon des revendications
parfaitement terre à terre des syndicats représentatifs et dans la lassitude de la
majorité des braves gens qui commencaient à trouver la plaisanterie un peu longue
autant que saumâtre.
Seulement les petits gourous de la gauche révolutionnaire en avaient gros sur la patate.
On ne voit pas sans quelque dépit s'arrêter brusquement la glorieuse chienlit qui propulse
au sommet de la masse des naïfs-panurgiques et apporte gloire, puissance, prestige
et célébrité. Alors, ils sont peu à peu rentrés dans le rang avec l'idée, née de l'expérience,
qu'on ne fait pas une révolution avec des fils à papa ni avec des prolos en voie
d'embourgeoisement aspirant avant tout au confort matériel; que pour réussir il faut pouvoir s'appuyer sur un bas peuple, un magma informe n'ayant rien à perdre, dont la haine
s'excite sans difficulté et la violence se déchaîne à volonté. Des sans-culotte, quoi,
comme au bon vieux temps.
Et comme ils n'avaient plus de sans-culotte, ils ont inventé les sans-papiers!
Je raccourcis, bien sûr, mais en gros c'est celà. Les meneurs de 68, une fois investis les
partis traditionnels à commencer par le Socialiste, conduisirent un mouvement de nature
à attirer dans notre pays les misérables de l'Afrique. D'abord à coups de formules préfabriquées, leur spécialité. La "misère sexuelle des immigrés", notamment, qui a
conduit Valéry Giscard d'Estaing, sitôt élu, à décréter le regroupement familial avec la
complicité de Jacques Chirac. Ils ont ouvert la boîte de Pandore. L'arrivée subséquente
des hordes mittérandiennes a fait le reste. Avec l'appui toujours renouvelé des
naïfs-panurgiques, de plus en plus vieux mais constants en connerie aveugle.
Ainsi nous trouvons nous aujourd'hui, à la veille des quarante-deux ans du joli Mai 68,
obligés de nous colleter avec des problèmes de burqa, de mosquée, de minaret,
de polygamie, de fatwa, de "quartiers sensibles" et autres joyeusetés bien de chez
nous.
Naïveté et panurgisme sont les deux mamelles nourricières de la future France, celle qui prospèrera bientôt sous le joug délicieux de la charia.
Sous les pavés, le niqab; sous la burqa, la plage!
Et merde pour qui ne me lira pas.