Moi, personnellement et dans l'intimité de ma ford intérieure - conformément à la
formule béruréenne - rien de ce qui arrive ne me surprend vraiment. Comme
disait Horace (non, pas Tacouère, zut, je parle sérieusement) : "Si fractus illabatur
orbis, impavidum ferient ruinae" ce qui, à l'intention des non-latinistes, signifie à
peu près que si le ciel, cassé en morceaux me tombait sur la gueule, je ne montre-
rais même pas le moindre signe d'émotion.
J'en ai trop vu. A force on n'y fait plus attention à l'absurdité des comportements
sociétaux -comme on dit aujourd'hui- ni aux turpitudes imbéciles de notre démo-
cratie représentative de la connerie des mandants autant que de la veule impéritie
des mandataires. On s'habitue à tout, même à l'enfer, alors vous pensez, ici c'est
à peine le purgatoire socialiste, pas de quoi se triturer le chou.
Un demi-siècle, grosso-modo, que je regarde ce qui se passe en essayant de m'y
intéresser et d'y comprendre quelque chose. Encore plus, même. Je me trouve
des souvenirs au fin fond de la chetron qui nous remettent vraiment loin. Dans les
profondeurs vaseuses d'une Quatrième République bouffone et carnavalesque avec
ses gouvernements qui s'effondraient toutes les trois semaines, victimes expiatoires
d'une assemblée omnipotente autant que psychotique.
Le bon René Coty, tenez, je m'en souviens comme si c'était hier. On était allés
l'accueillir à la gare, nous, les morpions des écoles, à l'occasion d'un sien séjour
dans mon bled. On nous avait refilé de petits drapeaux en papier à agiter fréné-
tiquement tout en gueulant "vive le président" au passage du brave inaugurateur
de chrysantèmes. Treize tours de scrutin, il leur avait fallu aux parlementaires de
l'époque pour élire ce bonhomme. Ils l'auraient tiré au sort, c'était pareil.
Et puis Mendes-France, tiens, celui-là jamais je ne l'oublierai avec sa bouille de
vieille savate éculée. Brave type, d'ailleurs, au fond, malgré tout ce qu'il trimballait
comme outillage républico-socialo-tout le reste. Lui, dès qu'ils l'ont sorti du chapeau
pour le bombarder président du conseil, à la récré de l'aprèm' on nous a fait boire du
lait. J'ai jamais supporté, moi, le lait, ça me rend malade. Le fromage, tant que vous
voulez, pas de souci, mais le lait, à boire comme ça, comme les veaux...Après deux
ou trois dégueulis sous le préau, ils ont arrêté de m'en donner de leur merderie. A la
place j'ai bénéficié d'un bout de chocolat Cémoi. Et dès le débarquement du petit
Mendès - au bout de sept mois, tout de même, un record!- on n'a plus rien eu du tout.
C'était ça, la Quatrième République.
Ca et encore d'autres trucs, plus compliqués, inaccessibles aux non-initiés, les
"ballets roses", sorte de préfiguration des aventures clitoresques de Minou la
Tringlette, la crise de Suez et la petite pénurie d'essence qui s'en suivit, les
"évènements" d'Algérie, bien sûr, au bout d'un moment on n'a plus parlé que
de ça.
Surtout les braves gens dotés de fils en âge de porter les armes, lesquels se
faisaient zigouiller dans des conditions souvent épouvantables par les grands-
parents de nos délicieuses diversités.
Ensuite, avec l'arrivée de de Gaulle, peu à peu j'ai commencé à comprendre
vaguement, très imparfaitement. Pour bien capter les vicissitudes de l'humanité
politique, il faut un minimum de bouteille. En ce qui concerne les teen-agers, c'est
rapé d'avance mais ils l'ignorent, alors ils font comme si.
Un truc, tout de même, que j'ai bien vu dès l'époque, c'est qu'un pouvoir politique
efficace ne saurait, en même temps, se montrer sympa. Faut choisir l'un ou l'autre.
Aujourd'hui ils veulent tous se faire aimer, ces peigne-culs! Avec le succès que l'on
sait...
Par exemple, de Gaulle, quand il décrétait l'austérité, il le disait carrément et si, à
gauche, ça vacarmait pire que dans un élevage de poulets, il s'en torchait, le mec.
Comme de sa première chaudepisse!
Donc pendant ces périodes-là ça tournait rond. Il a fallu Mai 68 pour faire un peu
gripper les engrenages. C'est alors que, pour ma part, j'ai constaté de visu la
nature profonde de la bêtise humaine et entrevu les caractéristiques essentielles
du vecteur privilégié de celle-ci : la Grande Famille de Gauche.
Cependant le Pays est demeuré correctement tenu sous Pompidou. Même qu'à
ce moment là, la France a connu une période de croissance et de prospérité tout
à fait inusitée. Certes collaborateur de Rotschild, le Pompon, mais on dira ce
qu'on voudra, il a bien fait le boulot. Manque de pot le cancer aussi.
Et après, c'est parti en quenouille!
Giscard, le premier clown de la série, lui, il a voulu faire le changement, ce con,
déja!
En tête des grosses cagades, la pire des avanies, l'inexpiable, le pêché originel,
le crime contre la postérité, j'ai nommé le regroupement-familial!
Giscard et Chirac ont commis cette honte et ils ont encore le culot de la ramener!
Enfin, le premier parceque l'autre, aujourd'hui, il ne ramène plus grand chose sauf
peut être des blondasses...et des sucettes à la fraise, aussi, il aime.
Par la suite, évidemment, tout s'en alla en diarrhée, avec Mitterrand, puis le futur
gatouillard précité, puis le comique à talonnettes et enfin, l'apothéose: Culbuto 1er!
Pourrons nous un jour tomber encore plus bas? Sûrement, vous verrez. La Démo-
cratie et la République n'ont pas encore proféré leurs dernières conneries, loin de là.
Si vous voulez, pour simplifier, on peut dégager une tendance. Depuis l'après-guerre,
en gros, la courbe de la stupidité n'a cessé de grimper. Même sous Charlot-Gros-Pif
on assistait du côté des cocos, des socialos, des cégétistes et autres branleurs de
tout poil, à de prodigieux assauts de déconnage irresponsable. Plus ça va, pis c'est,
comme disait Papa. Toujours plus haut dans la bassesse!
Tout ça pour vous expliquer qu'aujourd'hui, ce qui se passe sous le gouvernement
calamiteux des Hollandayrault ne comporte rien qui puisse surprendre un type ayant
vécu les soixante dernières années. A condition d'être un peu honnête, quoi.
Un socialiste qui fait le contraire de ce qu'il a promis à ses électeurs, c'est dans le
plus parfait ordre des choses. Qu'en supplément il le fasse mal procède d'une
logique tout aussi rigoureuse. Rien qu'à regarder leurs tronches, à ces gugusses,
ça coule de source.
Un budget de con bas, il a dit, le Premier Ministre. Enfin, moi j'ai compris ça. C'est
sans doute une allusion à la petite taille du Président de la République.
En tout cas, un budget intéressant celui de 2013, un tissu extraordinaire de faux-
semblants et de combines miteuses. Il ne fallait ni TVA, ni CSG, bien sûr. Alors, on
tape sur quoi?
Sur les sous que les braves couillons confiants mirent de côté en croyant naïvement
qu'on leur maintiendrait une imposition à peu près raisonnable.
Un signal pour bien faire comprendre aux ballots en question tout l'intérêt qui
s'attache à apporter le pognon ailleurs. Ce ne sont pas les "riches" qui morflent,
ceux là leur blé il est sorti depuis longtemps, juste les "aisés", les baisés, quoi, je
me répète.
Parallèlement on va cogner encore un peu plus sur les entreprises. Riche idée, pas
vrai? Vu qu' elles s'échappent déja comme si elles avaient Lucifer à leurs trousses,
ça va sûrement les retenir, de les faire raquer un max. Et puis, celles qui ne pourront
pas foutre le camp, il leur restera encore la solution de faire faillite. Génial!
Il vont nous la remettre d'équerre la courbe du chômage, je veux dire en angle-droit!
Quant aux "dix milliards d'économies", c'est le bouquet! Les dépenses augmentent de
six milliards par rapport à l'an dernier! Et on embauche des fonctionnaires à tire-la-
rigault! Vous comprenez le socialisme, sur ce coup là, tout de même, non?
Toutefois, ces filous s'offrent gentiment le luxe d'un humour ravageur avec la
trouvaille du "redressement productif" (voir Préférence nationale. ) On voit bien,
désormais à quel point ils se sont payé la gueule des patates qui y croyaient, ceux
de PSA-Aulnay, ceux qui défilent aujourd'hui derrière Méluche!
Et puis Montebourre, aussi, dit Montaudray (merci Pangloss); plus niqué que
lui, tu meurs! Un pur régal, comme piège à cons! Il a bien l'air futé maintenant, avec
son redressement bande-mou, le beau ténébreux!
Si l'on observe bien ce qui est en train de s'accomplir, en guise de redressement
productif on s'aperçoit qu'il s'agit en réalité de tout le contraire. Là, on se situe en
plein dans l'affaissement contre-productif.
De la belle ouvrage!
Restez bien au chaud à la maison, bientôt il pleuvra de la fiente.
Amitiés syndicalistes.
Et merde pour qui ne me lira pas.