Finalement ça c'est plutôt bien passé.
Tout le monde obtient sa petite satisfaction dans l'harmonie retrouvée de la République
Une et Bien Prévisible.
Je parle de la question des retraites, bien sûr. La jolie controverse vachement
démocratique sur le point de savoir s'il faut faire un petit quelque chose ou bien un gros
rien du tout, afin de garder encore un peu hors de l'eau la tête chenue de notre bon
vieux système Madoff de retraite par répartition (voir Ponzicouli-Ponzicoula. ).
Naturellement, la bataille fait rage entre les tenants de la méthode dure (on bosse
jusqu'à 62 ans) et les thuriféraires de la justice sociale ( yaka faire payer les riches).
Même que ça a salement scharklé à l'Assemblée, dans les media et surtout entre
Bastille et République où tous les grands chefs syndicaliste menaient, avec un allant
empreint de dignité prolétarienne, le cortège vociférant d'au moins deux cent mille
rigolos autant désireux de conserver intact leur privilège si gracieusement octroyé
par feu Mitterrand que d'obtenir la peau de l'actuel successeur de ce dernier.
Les opérations se déroulent conformément à la procédure plus ou moins tacitement
arrêtée entre les différents acteurs du happening "Réforme des retraites 2010".
D'abord les préliminaires, histoire de préparer le champ de bataille, ensuite les
vacances, joyeusement animées par l'affaire Bettancourt-Woerth, enfin, la
représentation proprement dite, September in Paris. Celle-ci répond, comme il se
doit, aux exigences de la tragi-comédie démocratique.
Le premier acte comporte deux scènes, l'une dans les rues s'intitule "la chienlit
organisée" l'autre à l'Assemblée Nationale a pour titre "la pétaudière républicaine".
Remarquablement interprétée tant par les comédiens professionnels que par des
figurants aussi nombreux que talentueux et motivés, cette spectaculaire entrée en
matière obtient le succès attendu. Applaudissements nourris des grévistes repus et
critiques particulièrement élogieuses, sinon dithyrambiques, des media conquis.
Dès le lendemain, deuxième acte. La Grande Scène du Président:
-"Je vous ai entendus, je tiens le plus grand compte de vos déconnades et je lâche un
peu de lest; mais sur l'essentiel, la mesure phare du quinquennat, les soixante deux ans
je ne saurais bouger d'un poil de rouston, il en va de la survie de notre Beau Système!"
Et tout de suite on enchaîne sur la scène deux, la riposte syndicale où les ténors
de la contestation représentative officielle interprètent l'air grandiose du "Le compte
n'y est pas, faut remettre ça le 23 Septembre".
Là aussi, beau succès et grosse recette. Attendons la suite. Nous en connaissons
déja le livret ( voir Sonnez la retraite! ), reste à en déguster la mise en musique.
Mais, n'en doutons pas, le spectacle répondra hautement aux attentes les plus
exigentes et les protagoniste de ce somptueux psychodrame en sortiront tous
complètement satisfaits. Qu'ils soient de gauche, de droite, du milieu ou d'ailleurs,
comme Besson.
Et, quelles que puissent être les concessions consenties à la nécessaire victoire
des syndicalistes, nos retraites seront sauvées jusqu'à la prochaine fois.
C'est une question de conformité aux règles intangibles du Théâtre Républicain!
Allons enfants de la Patrie, i, eu,
Le jour de gloire est arrivé... enfin presque.
Veuillez m'excuser, je me trouve un peu à la bourre.
A bientôt et merde pour qui ne me lira pas.