Je ne résiste pas à la tentation de vous raconter un truc que je viens d'accomplir
et qui m'emplit d'une fierté, sans doute un peu bébête mais bien réelle tout de
même. Ce matin j'ai gravi la Cime de la Bonnette à bicyclette. Parfaitement.
D'habitude je me limite à des cols plus modestes, des seconde catégorie, parfois
des première mais là, il s'agit d'un col mythique, un "hors catégorie" un de ceux
qui inspirent au cycliste une sorte de crainte révérentielle un peu mystique.
Un de ceux devant lesquels on s'incline avec le respect dû à plus fort que soi!
La Bonnette, c'est ça, ci-dessous, une sorte de pyramide noirâtre posée au sommet
d'une montagne, à 2800 mètres d'altitude et à laquelle on accède après vingt-cinq
kilomètres d'une montée aux pourcentages impitoyables.
La fin, le morceau de route que vous distinguez sur la photo, c'est du 15% de
moyenne. J'aime autant vous dire qu'à ces altitudes ça fait du dégat. Ceux qui
connaissent un peu apprécieront.
Ca met en perspective la chevauchée irréelle de Bahamontes en 62. Quand
on a fait le parcours, ce genre de performance inspire le respect .J'en sais qui
voient clairement ce que je veux dire.
Comme les copains -enfin pas tous- y allaient, moi j'ai sauté sur l'occase, le beau
temps et la forme paraissant se présenter au rendez-vous, je me suis farci La
Bonnette.
Trois heures de montée -ok, c'est pas un exploit- dans un paysage de plus en plus
sublime au fur et à mesure de la grimpette. Plus on s'élève et plus c'est beau,
grandiose, sauvage, gigantesque.
Dès que vous dépassez les deux-mille, plus d'arbres mais de la montagne pelée
avec des nuances de couleur comme on n'en trouve qu'à ces altitudes et par
grand soleil. C'était le cas. Avec de temps en temps une marmotte qui fout son
camp à toute allure en avertissant ses potes de l'arrivée inopinée d'un singe à
roulettes.
Avec le vélo, vous avez d'un côté l'avantage de vous déplacer lentement
-moi, surtout- ce qui vous permet d'admirer tranquillement la nature environnante
et d'un autre côté, l'inconvénient d'en chier comme c'est pas permis pour faire
avancer cette putain de bécane, ce qui parfois vous distrait un peu de la
contemplation des splendeurs montagnardes. Mais, comme me faisait observer
un cycliste maigre (ça aide bien) qui me doublait : "on n'a rien sans rien".
Bref, je vous la fais courte, je me suis traîné jusqu'en haut, ainsi qu'en témoigne l'image
du Nouratin en pleine récupération que vous voyez ci-dessous en train de reluquer
la stèle sommitale commémorant l'inauguration de "La route la plus haute d'Europe".
Le mec du premier plan, appuyé sur sa machine, c'est moi.
Je vous précise tout de même que, contrairement aux apparences, je ne suis pas
bossu. Seulement, le copain qui a bien voulu prendre la photo s'est révélé un peu
déconcerté par l'angle que je lui ai demandé d'adopter. Du coup, il a oublié de me
faire rectifier la position.
Voilà. L'exploit étant réalisé, nous redescendimes, paisibles, à quatre-vingts à
l'heure jusqu'au resto du Prat, où nous déjeunâmes joyeusement, heureux du devoir
accompli, en nous goinfrant des produits du cru subtilement mis en valeur par le
patron-cuistot.
L'avantage du vélo c'est qu'on y laisse beaucoup de calories. Alors il faut les reconstituer,
n'est-ce pas, il s'agit d'une question de survie. Et puis, c'est convivial...après!
Amitiés.
Le 26 Juillet 2012.