Blog réactionnaire d'un vieux misanthrope mal embouché.
Pour une fois, le défilé de l'indignation gauchiste, enseignante et parentale sera passé
tellement inaperçu que même "Libération.fr" lui consacre à peine un entrefilet entre la
galerie photos et la jeune expulsée du Lycée Tournefeuille. Ce n'est pas que je lise
régulièrement ce machin, loin de là, mais n'ayant rien trouvé dans "Le Figaro" je me
suis rabattu sur le seul organe de presse obligé de traiter le sujet. Sans succés. Même
pas moyen d'avoir les chiffres. Black-out total. Comme coup d'épée dans l'eau, ça se
pose là. Je tenais à le signaler. Bien fait pour leur gueule, mauvaise pioche.
Reconnaissons que l'actualité se prète mal aux petites mesquineries revendicatrices
de plein de postes de producteurs d'analphabètes.
Bien sûr, le Japon s'essouffle un peu. Après huit jours de couverture intensive, nos
media adorés commencent un peu à pédaler à vide sur le sujet. L'énormité de l'évè-
nement reste cependant de nature à maintenir la pression et le danger atomique
fait le reste. Notons au passage qu'entre les images tragiques des malheureux
transis de froid cherchant leurs morts sous le blizzard de neige radioactive et
l'héroïsme invisible des types qui sacrifient leur peau pour éviter la
catastrophe tchernobylesque, il y a matière à intéresser le chaland.
Même après une semaine non-stop.
Cependant rien ne résiste, en ce jour crucial, à la Grande Guerre de Lybie voulue,
imposée quasiment et désormais engagée par notre Président de la République
Une et Imprévisible.
Inch Allah!
Le coup est parti et nos avions intrépides survolent maintenant la Cyrénaïque
et même la Tripolitaine, emplissant de terreur les infâmes suppots de l'ignoble Kadhafi.
La France, Monsieur, La France glorieuse et éternelle, a repris d'un coup son rang dans
le concert des Nations. Le premier, comme il se doit. Les mânes associées de Charle-
magne, de Louis XIV, de Napoléon 1er. et du Général viennent d'inspirer à notre petit
Nicolas une salutaire reprise en main du Monde Civilisé. De lui insuffler l'énergie
requise pour résolument se porter à la tête d'une grande coalition convaincue de faire
la peau au monstre affreux. Bonaparte au pont d'Arcole, si vous voyez. Avec le mouve-
ment vers l'avant, viril autant que gracieux et le drapeau de la République fièrement
arboré afin d'indiquer à la troupe suiveuse la direction du combat victorieux.
Nous irons jusqu'à Tripoli lui mettre les tripes au soleil!
On va lui apprendre, tiens, à ce sale bédouin plein de puces, à pas nous acheter nos
Rafales. Il va pouvoir se les déguster personnellement, nos beaux avions, avec toute la
mort qu'ils transportent à Mach II. Démonstration en direct live. Vlan! Plein la gueule,
prends ça et tiens toi le pour dit, crève charogne! On va t'apprendre à venir camper
chez nous sans signer les contrats, saleté, fumier, ordure!
Et je ne vous parle même pas de son chiare, Seif al Islam, sale petit merdeux préten-
tieux à gueule de voyou Kärchérisable. Comment il a dit déja, en parlant de Sarko?
Ce clown, c'est ça? Il va voir, la putain de sa mère, le suppositoire qu'il va lui carrer,
le clown! Une bombe de cinq-cents kilos en pleine gueule, oui, pour lui et pour tous
ses tarés de frères, résidus improbables des coïts abjects d'un infect dictateur de
cauchemar!
Voilà qui fait du bien, quand même, faut le dire. Je ne sais pas si ça va booster les
cantonales ou inverser la tendance abominable des présidentielles mais en tout cas,
il aura fait son possible, le Président, avec tout son coeur et tout son allant.
D'accord, cela reste une énorme connerie. D'accord il va falloir gérer maintenant un
conflit mal fagoté, une sorte de croisade, avec tout ce que la chose comporte d'arrière-
pensées sanglantes dans le monde Islamique. On peut dire tout ce qu'on veut mais
quand l'Occident lance une attaque de grand style contre les Arabes, ces derniers
finissent toujours par en concevoir quelque acrimonie à notre égard. Et comme ils
nous aiment beaucoup, certes, mais saignants, nous pouvons nous attendre à des
retombées délétères. Prenez pas trop les transports en commun, ces temps-ci,
préférez le vélo. Vous risquez également de crever mais dans la deuxième hypo-
thèse, vous pouvez toujours continuer à pieds. Un seul bémol, aujourd'hui, si vous
foutez une bombe dans le Métro ou le RER, vous bouzillez prioritairement du
Mahométan. Cependant de telles considérations ne sauraient les arrêter, dans la
mesure où Allah reconnaît toujours les siens et prend soin de réserver aux martyrs
un sort Hollywoodesque.
Et puis, qu'est-ce que c'est que ces conneries d'aller donner un coup de main à Al
Qaïda pour lui astiquer le prestige auprès des tribus du désert, alors que le sinoque
de Tripoli se démerdait pour la cantonner aux rôle de complôteur en sous-main?
Et aussi de pousser ledit psychopathe à laisser partir, voire coller carrément dans
les bâteaux, tous les candidats immigrants clandestins qu'il décourageait à sa
façon, jusqu'à présent, d'embarquer pour l'Europe et ses prestations sociales?
Et également d'aller se mêler d'affaires qui ne nous regardent pas et auxquelles
nous ne comprenons que pouïc. L'action humanitaire, moi je veux bien, mais quand
ça consiste à balancer des bombes et à envoyer des missiles, le doute m'habite.
Sans compter qu'à partir du moment où nos braves coalisés vont s'apercevoir qu'ils
s'enlisent, il va bien falloir qu'ils se décident à y aller, sur le terrain, et à se colleter
à l'ennemi pas trop discernable mais particulièrement vicieux.
Comme en Afghanistan. Et en Irak.
Justement, à ce propos, je me demande bien pourquoi en Irak fallait pas y aller
mais en Libye, oui. Pourtant Saddam-Hussein, dans le genre tyran-assassin, il
valait largement Kadhafi, non? Je ne trouve qu'une explication. Dans le premier
cas vous avez Deubel-You Bush, le salopard patenté. Dans le second, au contraire,
vous êtes entre les mains bénies de Barack-Hussein, le Prix Nobel de la Paix qui
ne fait la guerre que pour le seul bien de l'Humanité souffrante. Et là, tout devient
limpide. Si Obama y va, on peut tous y aller. L'onction divine justifie notre action et
nous protège de l'erreur historique. Nous nous fourrons, si vous voulez, dans une
belle merderie mais nous pouvons marcher tranquilles, la Force du Bien trottine à nos
côtés. Et si tout se passe comme prévu, on ne sait jamais, les Amerloques pourront
faire main-basse sur le pétrole. Ca vaut le coup, y en a tout plein en Libye.
Cependant, le plus étrange, le plus comique, le plus consternant, aussi, disons-le,
demeure la façon dont cette grosse pantalonnade a débuté.
Au Caire, en Février, Bernard-Henry Lévy,
Se morfondait d'avoir un peu loupé le coche,
Il eût aimé chanter les guerres d'Arabie,
Mais, Moubarak parti, il se sentait bien cloche.
C'est alors qu'il apprit que dans la Lybie proche,
L'envie démocratique avait aussi frappé,
Que contre Kadhafi, le plus affreux des moches,
Les tribus de l'Orient venaient de se lever.
Son sang ne fit qu'un tour et notre philosophe,
Sauta, tout aussitôt, dans un vieux camion,
S'adressant au chauffeur, en brève apostrophe,
Lui demanda son but et sa destination.
Le brave homme lui dit "Msiou qu'il i tri zouli,
Moi j'y m'en vais comme ça direction Benghazi".
Après avoir dûment consulté une carte,
Bernard-Henry se dit avec sagacité,
Puisque vers l'Est Libyen il semble que je parte,
L'objectif est atteint, voyons cette cité.
Et dès son arrivée, notre immense génie,
Comprit qu'il était bien tombé au bon endroit,
Que la lutte visant Muhammar Kadhafi
Trouvait en ces lieux ses forces et tout son poids.
Mais, encerclés par le tyran abominable,
Les insurgés sentaient leur fin qui arrivait,
Ils trouvèrent en Bernard un ami bien aimable
Qui de démocratie et de droits leur parlait.
Ne vous en faites pas, leur dit il en substance,
De votre sort merdeux je m'en vais vous tirer,
Et tout en secouant sa longue mèche blanche,
Il leur dit "à Sarko je vais téléphoner".
Sitôt dit, sitôt fait et, tout en élégance,
Bernard-Henry Lévy appela Sarkozy ,
Lui disant " O, mon cher Président de la France,
Je puis te présenter les Massoud de Libye",
Lui rappelant ainsi avec tact et malice,
De son prédécesseur une occasion loupée.
"Rapplique, ô mon ami, mon énorme délice,
Je ne saurais rater cette opportunité,
Je vais les recevoir, je vais les reconnaître
Et donner à la chose un grandissime éclat,
Cela me donnera l'occasion de renaître
En aidant la Libye dans ce nouveau combat.
Je convaincrai l'Europe et s'il le faut, le Monde,
De la nécessité de sauver tes amis,
De l'emprise abhorrée d'un dictateur immonde,
Et nous aurons oeuvré pour la Démocratie".
Bernard-Henry Lévy, Nicolas Sarkozy,
Ont ainsi fait péter la guerre de Libye!
Voilà, sans rien ajouter ni retrancher, c'est bien de cette manière que les choses
se sont déroulées. Méfions nous toujours des types qui veulent sauver le monde.
Y a pas pires plante-merdes.
A une autre fois, mes Amis.
Et merde pour qui ne me lira pas.