On avait déja mis le champagne au frais, dans les salles de rédaction.
Ce coup-ci, ça pouvait marcher. Après toutes les ignominies honteuses
et pas belles, toutes les casserolles qu'on lui avait accrochées les
une après les autres, avec patience et abnégation, après toutes les
déclarations style "vaut mieux aimer les belles gonzesses qu'être
pédé", après les parties fines et les bounga-bounga, bref après toute
l'opprobre infâmante et honteuse qui l'engloûtit, on espérait bien,
cette fois, voir Berlusconi pendu par les pieds au fronton du Palazzo
Montecitorio.
D'autant qu'il faisait eau de toute part, le Cavaliere, Fini s'apprêtait à
le finir. A grands coups de sabre dans la gueule, avec l'aide de la gauche
et du centre, la coalition fatale. Un peu Napoléon à Waterloo, en somme,
toutes proportions gardées.
Paraîtrait même qu'à Libé on avait déja écrit l'éditorial victorieux. Pour
pouvoir se saoûler la gueule tranquillement dès l'adoption de la motion
de censure. Soyons francs,depuis le temps que l'intelligentsia française
attend la mort de l'affreux, il y aurait bien là matière à grandiose festoyage.
Sans parler des concerts de claxons à Saint Germain des Prés, des
manifestations de liesse chez les immigrés clandestins et les vieux
criminels Brigadistes, non moins que de la discrète satisfaction des
bien-pensants de la droite politiquement-correcte.
La liesse générale et obligatoire en perspective, le grand raoût des
consciences paisibles, le soulagement après l'épreuve. Depuis le
temps qu'il nous narguait ce cochon-là, on l'a bien mérité!
Donc on osait presque y croire, c'était quasiment fait, la peau de
l'ours mal léché se trouvait quasiment déja sur le marché aux puces.
Et puis, patatras, l'assemblée qui vote et la censure qui fait tchoufa
comme on disait à Bab el Oued!
Porco Dio, encore raté!
Un scandale, en plus, une majorité si exigüe, trois voix seulement, vous
vous rendez compte!
lls devraient revoter ces macars de mes deux, z'ont dû se tromper quelque
part, trop injuste cette fois, nul ne saurait valablement décevoir les
gens de bien à ce point là! Countach, comme on jure à Turin!
Vous vous rendez compte depuis combien de temps on attend qu'il se
gamelle ce porc. On aura tout dit et tout fait, jusqu'à lui balancer le
Dôme de Milan en pleine poire, en miniature, certes, mais en fonte,
quand même. Mais rien n'y fait, toujours là, comme la vérole chez le
bas-clergé, Berlusconi demeure fidèle au poste sans même vaciller
sous les coups.
Alors, bon, on fait contre-mauvaise fortune bon coeur, chez la
bien-pensance. On dit qu'il a triché, le cavalière, qu'il a acheté des voix,
que ça ne va pas se passer comme ça, qu'on va lui diligenter une
enquête, que ça va saigner, qu'il va payer sa forfaiture et que, de toute
façon jamais plus ce salaud là ne pourra gouverner. Jusqu'ici ce mec
ne disposait d'aucune légitimité réelle en tant qu'élu des sales fachos,
désormais il a même perdu sa majorité parlementaire. Enfin, presque.
Et quand vous vous trouver politiquement minoritaire, n'est-ce pas...
Enfin presque.
En attendant il est toujours là, ce vieux Berlu et il les emmerde tous!
Le 14 Décembre 2010.