Pas passé inaperçu mais presque, le décès de Jean Dutourd. On n'en a pas fait un
fromage. Juste deux trois conneries pour marquer le coup, mais en douce, sans
appuyer. Bien obligés mais faut pas exagérer.
Si je résume, les mérites de ce grand écrivain Français tiennent essentiellement à
sa participation aux Grosses Têtes du brave Bouvard et accessoirement à l'écriture
de son roman "Au Bon Beurre" (non, pas beur) rendu immensément célèbre par la
série télévisée qui en fut tirée jadis. Magistralement interprétée avec l'accent de Bab
el Oued par Roger Levy, dit Hanin, dit "le beauf", cette adaptation géniale permettra
sans doute de préserver de l'oubli, l'ami Dutourd. Enfin si j'en juge par l'oraison vite
expédiée consentie par le marécage médiatique. Pas encore de quoi me réconcilier
avec cette pseudo-élite d'abrutis-analphabètes-incultes-prétentiards, manipulateurs
de populo panurgéen.
Académicien, Dutourd, pas pousseur de chansonnette, même pas camé, même pas
homo. Et le pire, le plus moche, le plus rédhibitoire, le plus exclusif : même pas de
gauche. Royaliste il était, Dutourd! Voilà pourquoi, sans doute, Tata, le Neveu, restera
pratiquement muet sur ce coup là. Pas de joli discours bien grandiloquent du petit
Mitterrand. Juste quatre mots merdeux. La culture de la République et son ministricule
à la rime si riche ne se mettent pas en frais pour un royaliste réac, fût il immortel.
Qu'est-ce que ça peut foutre, du coup, tout ce qu'il a pu apporter au patrimoine littéraire?
Rien à branler. Un sale réac.
Je vais vous dire, on l'a obséqué ce matin. A Saint Germain des Prés, en plus, pour
emmerder un peu les Germanopratins qui devaient se pincer le pif au passage du
cercueil. On a même vu dans l'assitance Jean Tibéri et Charles Millon. Vraiment,
fallait pas y aller à l'enterrement de Dutourd. Trop mal fréquenté. En conséquence il
partira dans son trou sans tambours ni trompettes, c'est bien le cas de le dire.
Bon débarras. Un sale réac.
Pour faire complet dans la même veine, voici venir l'affaire Céline. Non, pas Dion.
Je regrette de décevoir mais, la chanteuse à Charles-André et ses jumeaux éprouvette,
je n' en ai rien à secouer. Je voulais parler de Louis-Ferdinand.
Faut il rendre hommage à Céline, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort,
ainsi que le susmentionné Tata Mitterrand s'apprêtait à le faire avant le sévère rappel
à l'ordre du Grand-Censeur-professionnel-autoproclamé, Serge Klarsfeld?
Sacrée question! Alors là, il se trouve dans le pétrin jusqu'au trognon voire plus, le petit
Mitou, pire qu'un boulanger cocu de Pagnol. La vraie mélasse, le tonneau de goudron!
Ils n'avaient pas pensé à mal, ses sbires, en inscrivant le grand Céline au catalogue
officiels des gens à commémorer cette année. Après tout si l'on ne peut pas faire un
petit peu honneur au plus génial écrivain de langue française du XXeme siècle,
sinon de tous les temps, y a plus qu'à passer directement à l'anglais et personne
ne nous emmerdera plus avec ce genre de conneries.
Seulement voilà. Nul, bien sûr ne conteste la superpuissance absolue de l'Oeuvre.
Manquerait plus que ça. Mais le bonhomme, alors là, une horreur! Nauséabond pire
qu'une armée de skinheads tatoués à la croix gammée moustachue! Affreux au point
qu'on ne toucherait pas certains de ses bouquins. Pire que reliés pur porc. Infâme, le
mec, maudit pour toujours, indigne à jamais, abominable jusqu'au bout des siècles des
siècles. Amen!
Attention, comme accusation ça se pose là. Il ne s'agit pas de broutilles, ni de vétilles,
ni de billevesées, ni même de crimes ordinaires et sans grande portée tels qu'il s'en
pardonne à tours de bras de nos jours. Non pas, loin de là mes pauvres amis, des
années de lumière, des parsecs, des infinis...
Antisémitisme, putain, antisémitisme!
Le grabuge à l'état pur, l'opprobre éternel, l'inexpiable, le trou du fin fond de l'enfer!
Et c'est vrai qu'il n'y était pas allé avec le dos de la cuiller, le créateur de Bardamu.
Un jour je me suis retrouvé entre les mains un opuscule intitulé "Les Beaux Draps".
La vache, rien à ajouter! C'était pas une dent qu'il avait, contre les baptisés au sécateur.
La gueule de Fernandel, le dentier du crocodile, la machoire du grand-blanc,
le four du tyranosaurus-rex. La haine à l'état sauvage, ravageuse, insane et irrationnelle.
Avec le talent flamboyant, superbe, pour sublimer l'abomination. Une curiosité, en
somme, un document, l'envers du décor et le fond de la nature humaine, bien torturée,
bien torrentueuse, bien sombre.
Cependant qu'on l'aime ou pas Céline ça reste un monument tellement énorme que les
petits homoncules, même lorsqu'ils riment bien, se trouvent complètement dépassés.
Coincés entre le dogme intangible qui fait perdre des voix précieuses quand on l'oublie
et le devoir sacré de célébrer le génie.
Il se fait si rare, le génie, qu'on ne peut pas se permettre de le fourguer aux oubliettes
quand on en tient un de ce calibre. Oui, mais Klarsfeld et ses familles de descendants
de déportés, ça ne rigole pas non plus.
On se doute bien qu'entre Céline tout seul, mort depuis lurette et tout ce qui gravite,
bien vivant, avec une grosse capacité de nuisance, autour des histoires de shoah
et tout le toutim, il lui faut un quart de millième de nano-seconde, au Président, pour
choisir.
"Ecoutez, Frédéric, c'est quoi ces conneries avec l'écrivain, là, comment...oui, c'est ça,
Céline. Bon, vous êtes gentil, vous arrêtez les enfantillages. J'ai assez d'emmerdes
comme ça sur des affaires sérieuses pour pas qu'on vienne me les briser avec ce
genre de fantaisie d'intello. D'ailleurs, je vous le signale au passage, Carlita elle l'aime
pas, le Céline. Elle dit que c'est un sale facho. Vu? Alors, fin de la récréation. Ecrasez
moi le coup vite fait et que j'en entende plus parler. Merci et bonjour à Madame, enfin,
je veux dire..."
Exit Louis-Ferdinand. Dans les cinq minutes il n'existait déja plus. Biffé, rayé, anéanti,
enterré pour de bon. Klarsfeldisé en quelque sorte. Un génie de moins. Au besoin on
mettra Elie Sémoun, a la place. En plus, il n'est pas mort, celui-là. On a tout à gagner!
Vae victis, crève charogne!
Chacun peut en penser ce qu'il veut, moi je trouve que ça fait réfléchir, enfin ça devrait.
La haine, chez Céline, découlait d'une impression de se faire bouffer tout cru. Vu sous
cet angle, ça n'excuse rien, mais ça éclaire les motifs de façon différente. Il voyait le
danger.
S'il avait su, Ferdinand,il aurait pu s'en sortir, de son pilori anathémisé, se dégotter
une belle excuse absolutoire, un viatique imparable, un blanc seing en béton. Mais il
ne savait pas, le malheureux. Il s'imaginait, de son vivant ,que les français avaient déja
touché le fond de la veulerie imbécile. Il ne leur voyait plus de marge de manoeuvre.
Comment eût il pu imaginer, dans ces conditions, qu'il lui eût suffi de se convertir à
l'Islam pour pouvoir hurler à la mort sans que personne ne lui en fît reproche?
Toutefois, dans notre joli monde, on ne se contente pas de balancer les grands
hommes à la poubelle. On écrabouille carrément les libertés les plus fondamentales,
enfin celles qui devraient assurer la stabilité imbranlable de notre République assise
sur les Droits de l'Homme et tout ce qui marche avec. A commencer par la liberté
d'expression. C'est pas du fondamental pur jus, ça, la liberté d'expression? Une liberté
qui permet de parler sans crainte de se retrouver au trou, chouette quand même,
et pas si évident, ce n'est pas le cas partout, loin de là.
En bien ce n'est plus le cas chez nous non plus, tiens. Demandez à Eric Zemmour.
Bon, déja il ferait un candidat déplorable à l'accusation d'antisémitisme, Zemmour, pas
doué pour ça. Une chance, parce que pour le reste il paraît mal embarqué, ce garçon.
Un mec de droite qui s'arrange pour dénoncer à tout va les dégâts causés par
l'invasion africaine, de nos jours ça ressemble à une cible, à un punching ball, ça fait
office de bouc émissaire et ça s'en prend plein la gueule chaque fois que ça l'ouvre.
Seulement, un jour il s'est promené un peu loin dans le politiquement incorrect.
Pensez, "la plupart des trafiquants sont des noirs ou des arabes", il a sorti.
Aussitôt, la curée. La Licra, SOS Racisme et tout le bordel bien pensant montait au
créneau, déposait plainte, réclamait la tête du mécréant, hurlait au discriminateur
abject, criait sur tous les toîts à l'intolérable, igominieux, salopard de facho!
Mais là ne réside pas le problème.
L'ennui, le gros os dur à avaler, vient du réquisitoire du Procureur. Elle a fait
pareil, le Procureur de la République, elle a requis la condamnation de Zemmour!
Les couilles m'en sont tombé dans les souliers. Je vous jure.
C'est de ce jour là qu'on peut dater précisément la mort de la liberté d'expression en
France.
De profundis!
Indignez vous, qu'il a dit l'autre vieux schnock!
Ben tiens, pour une fois je l'écoute, sauf qu'on ne va pas s'offusquer des mêmes choses.
Pas bon pour moi, ça.
Elle est belle la République qui n'a rien à branler des gloires de la Littérature Française
et qui envoie ses procureurs requérir contre la liberté d'expression.
Et en supplément de programme, je vais finir par croire, comme ce vieux Dutourd, que
nous ne serions pas plus mal lotis avec un Roi.
Bonjour chez vous et merde pour qui ne me lira pas.