Comme je vous le faisais finement observer naguère (voir Le 334eme Saint. ) "les
triomphes annoncent souvent une dégringolade plus ou moins proche".
Souvenez vous, voilà deux mois, la tournée triomphale de Culbuto au Mali, le sauveur
du Sahel, le Saint de Tombouctou! Fallait le voir parader, le petit bonhomme auréolé
de sa gloire inattendue de chef de guerre victorieux des musulmans très méchants-
qui-ne-représentent-évidemment-qu'une-infime-minorité (faut toujours préciser, sans
quoi on fait dans le nauséabond).
Souvenez vous. Eperdus de reconnaissance, les gentils musulmans -l'écrasante
majorité, bien sûr- du Nord-Mali offraient alors à leur sauveur Flamby un jeune
dromadaire, certes plus ou moins dérobé à un propriétaire disparu de la circulation
mais tout à fait sympa et manifestement prêt à suivre son nouveau maître jusque sur
la pelouse un peu frisquette de l'Elysée.
Las il n'en voulut pas. Notre petit Napoléon du pauvre, négligeant les règles les plus
élémentaires de la politesse sub-saharienne, fit discrètement savoir qu'il n'en avait
rien à foutre du camélidé -sans doute sa concubine craignait-elle la concurrence- et
l'animal fut ainsi confié aux bons soins d'une famille de paysans du cru.
Et vous savez ce qu'ils en ont fait de ce pauvre chameau, les paysans en question?
Ils l'ont bouffé! Parfaitement! C'est y pas beau, ça?
Edifiante, l'histoire du dromadaire! Avec Hollandouille ça se passe toujours un peu
de la sorte. On démarre en fanfare avec grands discours, effets de manches
asymétriques, belles promesses et euphorie communicative, puis le soufflé
retombe doucement et un beau jour on apprend par la bande que le chameau
a fini dans le couscous.
Tenez, au hasard Le cas Cahuzac. Voilà une histoire qui s'engageait sous les
meilleurs auspices. Un ministre tout beau, bien propre sur lui, vachement compétent,
bien sûr, vous pensez : un médecin et qui allait nous remettre plein d'ordre et de
rectitude dans les finances de l'Etat. Une sorte d'espèce d'incorruptible courageux
capable d'insuffler l'esprit de sacrifice républicain à tous ses petits camarades
dépensiers du gouvernement. L'homme providentiel en ces temps de dette abyssale.
Tout allait pour le mieux jusqu'à ce que l'affreux Plénel, le diablotin aux desseins aussi
noirs que ses tifes et sa moustache passés au cirage à bottes de cavaliers de Saumur,
publie un scoop minable insinuant que notre chevalier blanc détiendrait un compte en
Suisse.
Pas de problème. Dénégations outrées de l'intéressé, levée générale de boucliers tant
chez les Socialos du socialisme que chez ceux de l'UMP. Bref, je vous la fais courte,
vous connaissez l'histoire, tout cela se vasouille tant bien que mal jusqu'à ce que notre
Cahuzac, la queue entre les jambes, reconnaisse finalement la véracité de ses petites
économies helvético-singapouriennes.
Jusque là, rien de bien extraordinaire. La Gauche-Caviar ne saurait tenir son standing
sans prendre quelques libertés avec la stricte observance des règles fiscales de ce
pays confiscatoire, tout le monde le sait pertinemment.
Eh bien justement non. Vous en trouvez qui ne savent pas. Par exemple Hollande!
Reprenons donc deux minutes l'histoire du camarade Cahuzac. Entré au Parti en
1977, ce praticien de talent se retrouve une grosse décennie plus tard au cabinet de
Claude Evin, ministre socialiste de la santé et de la sécu, denrées censées usiner
ensemble. Le jeune Jérôme s'occupe alors de la "politique du médicament". Il se
trouve d'une part en osmose avec les pontes de l'administration compétente et
d'autre part en relation étroite avec les laboratoires pharmaceutiques.
C'est alors qu'il a le déclic, l'ami Cahu! Quand vous tenez les deux bouts de la ficelle
à gagner des millions, vous n'avez plus qu'à tirer dessus pour que le pactole vous
tombe gentiment dans l'escarcelle. Une fois éjecté du Cabinet, les électeurs ayant
tiré la chasse et évincé Evain en même temps que tous les autres Socialos, il ne
restait plus à notre ami qu'à créer sa boîte à huiler les rouages du remboursement
des remèdes par la Sécu.
"Cahuzac Conseil", s'est donc attachée à "conseiller" efficacement les laboratoires,
lesquels lui rendaient la politesse en la couvrant de montagnes de pognon. Vu
l'ampleur de la récolte il fallut bien, au bout d'un moment, détourner le flux vers
la Suisse et pas seulement pour niquer les impôts si l'on en juge par ce joli chef
d'inculpation : "blanchiment et recel de perception d'avantages procurés par une
entreprise dont les produits sont pris en charge par la Sécurité Sociale" qui
tient gentiment compagnie à celui de "blanchiment de fraude fiscale".
En somme, Cahuzac contribuait, au vu et au su de tout le monde, à la fortune
que les fabicants de médicaments amassent aux dépens de l'Assurance Maladie.
Eh bien, figurez vous que des personnes de qualité telles que MM. Hollande,
Moscovici et autres camarades du gratin socialiste, n'en savaient rien! Promis-
juré! Un peu comme pour Minou la Tringlette dans un autre genre, si vous voulez.
"Comment? Lui? C'est pas possible!"
Alors, déjà, bombarder un olibrius de ce calibre ministre du budget, paraît assez
gonflé. Seulement, ça commence vraiment à se corser au moment où éclate le
scoop du compte en Suisse.
Faut se poser les bonnes questions. A partir là, au lieu de commencer à comprendre
que l'affaire sentait le roussi, Moscovici a tout fait pour tenter de sauver la mise
à son collaborateur du budget. Pourquoi?
Et quand l'information judiciaire a fini par être ouverte parcequ'il devenait impossible
de faire autrement, Flamby s'est répandu en professions tonitruantes de foi en
l'intégrité totale et définitive de l'ami Jérôme. Pourquoi?
C'est d'autant plus curieux qu'en Janvier tout le monde savait, pour le compte suisse.
Les Francs-Maçons en faisaient des gorges chaudes depuis au moins deux
mois et l'information descendait même au plus profond de la France-Profonde chez
des blogueurs de dernière zône, tels votre serviteur.
Peut être le Président et son Ministre des Finances s'imaginaient ils qu'en posant
habilement une question à laquelle les Suisses ne pouvaient répondre que par la
négative, ils empêcheraient l'explosion de la fosse septique?
Allez savoir!
En tout cas, ou bien ces gens-là portent la stupidité à des sommets encore jamais
atteints ou bien ils ont partie liée avec l'ex-ministre du budget au point de tout mettre
en oeuvre pour tenter d'éviter une chute pourtant inévitable.
Pour tout vous dire, Cahuzac maintenant, on s'en fout. Son sort est scellé, le voilà hors
d'état de nuire. J'irai même plus loin, Moscovici aussi semble bel et bien foutu parce-
que son comportement dans l'affaire frise la complicité et parcequ'il faut un fusible,
rôle pour lequel il apparaît tout désigné. Le Premier Sinistre? Bof, tout le monde s'en
fout et en plus il paraît bien hors du coup, le pauvre bougre, cette histoire lui passe
manifestement au dessus. A supposer qu'il vienne à sauter ça relèverait tout au plus
de l'anecdotique.
En revanche, j'en connais un qui m'a l'air mouillé jusqu'au trognon avec ses airs de
pucelle effarouchée du style "il m'a trahi ce vil suborneur". Ben oui, Hollandouille!
Il ne suffit pas de shooter à grands coups de godasses à clous dans l'homme à
terre pour s'exonérer de soupçons qui pourraient commencer à peser lourd si jamais
l'enquête creusait un peu...moi je ne dis rien, vu que je ne sais rien. Mais le doute
m'habite...
D'ailleurs, pour un bonhomme qui déteste les riches, grand ennemi juré du monde
de la finance, il choisit ses copains avec un soin particulier, Culbuto.
Cahuzac, on a vu et puis ça reste quand même un petit joueur mais Augier,
le fameux Jean-Jacques Augier, l'ami de trente ans, son "trésorier de campagne",
là, il s'agit d'autre chose, du lourd manifestement.
Cet ancien de l'Inspection des Finances, la haute aristocratie de la République, lui
il n'a pas de compte dans les paradis fiscaux mais ses sociétés, elles, elles en ont.
Aux îles Caïman, s'il vous plaît! Du solide, y a pas.
Mais bon, vous savez quoi? Ben oui, Hollande n'en savait rien, pardi, on le lui
apprend!
Et d'ailleurs c'est pas grave parceque les comptes de campagnes ont été jugés
réguliers. Circulez, y a rien à voir!
Si vous ajoutez à ces petits investissement offshore, le fait que ce M. Augier,
inverti notoire et coming-outé, licencie présentement la moitié du personnel du
magazine "Têtu" histoire de refaire une rentabilité à cet organe à coulisse des
homos bien dans leur peau, vous obtenez le portrait craché du socialiste type.
Dur en affaire et un peu évasif sur le fiscal, quoi.
Vous me direz, à juste titre, qu'on ne devient pas président de la République
Française Une et Inconduisible sans avoir un peu vécu auparavant et rencontré
du monde. J'en conviens. Cependant, quand vous vous permettez de donner des
leçons de morale, de balancer urbi et orbi des litanies style "moi président de la
république je...", de promettre la république exemplaire, entre autres niaiseries et
de faire tout le contraire en même pas un an, vous soulevez des questions de
fond. Enfin, il me semble. Notamment celle-ci : Ne serait il pas temps de démis-
sionner avant que les choses ne se gâtent vraiment?
Parcequ'ils réclament tous la démission du gouvernement voire la dissolution de
l'Assemblée. Très bien mais le patron, alors, le chef de la bande, faut le garder?
Ah oui, c'est vrai, j'oubliais, personne n'est prêt pour le remplacer! Il a déconné
si vite qu'il a pris tout le monde de court!
Quoi qu'il puisse en être, mes amis, suivons l'affaire, si tout se passe bien, nous
ne devrions pas manquer de croustillant. Ca ne nous en mettra pas plus dans la
poche mais au moins on rigolera un peu, par les temps qui courent c'est salutaire.
Bon Dimanche.
Et merde pour qui ne me lira pas.