Un de plus, un de moins disait ma grand mère. Ca nous fait encore un
Noël qui vient s'ajouter à tous les autres, avec son cortège de barbus
en rouge, de bénédictions Urbi et Orbi, de touristes à Bethléhem et de
conseils de prudence gastro-ivrognomiques.
Le Noël de 2010 présente toutefois deux particularités notables.
Primo, la neige .
Un comble, la neige à Noël! On croirait une de ces vieilles cartes
postales du temps où j'étais petit -ça nous remet loin- avec des
jolis paysages dessinés et une couche aussi épaisse qu'immaculée.
Des trucs à vous faire rêver...avec, je crois me souvenir, un petit couplet
style "vive le vent et bonne année grand mère". La finalité, sans doute,
le coup des voeux à l'archivioque.
Seulement, avant on ne bougeait pas trop, comprenez vous, ce qui fait
que la neige se contentait de faire joli à zieuter par la fenêtre.
Aujourd'hui, avec nos habitudes à la con d'aller partout, tout le temps,
à toutes blindes et sans modération aucune, ça devient une calamité,
la neige, une saloperie à vous foutre en l'air vos plannings, vos
vacances, vos jouissances diverses et même vos réveillons.
Un comble!
Sauf, naturellement, aux sports d'hiver mais seulement dans la
montagne bien équipée avec plein de Ratracks et de télé-choses.
En revanche, là, il en faut, du flocon,sans quoi on court au désastre.
Il convient donc d'expliquer tout cela au Barbu des Cieux, ( mais non,
pas Papa Noël voyons) en espérant qu'il s'y retrouve.
A lui de se débrouiller.
Mais s'il n'y capte rien et se loupe, tant pis, on fera porter le bitos à Sarko!
Deuxio, la crise et ses misères. Vous me direz, si l'on en juge par le
niveau des ventes de foie gras et de caviar, on ne s'en aperçoit pas
trop. Mais, croyez moi, ceux qui constatent réellement, on ne les voit
guère, forcément. En guise de caviar ils se taperaient plutôt du
Pédigree-Pal pour changer du Canigou ordinaire (pub gratuite au
bénéfice des toutous, pour les fêtes). Y en a quelques uns qui
claquent, nécessairement, parmi les bouffeurs de canigou mais
globalement ça va. L'Hépatoum se vend toujours superbement.
Bon indicateur, l'Hépatoum.
Bien sûr le chomedu augmente encore. Comment voulez vous?
Bien sûr on sent bien qu'on ne va pas vers le bon.
Bien sûr les Chinetoques nous bouffent de l'extérieur en même
temps que nos diversités enrichissantes nous dévorent du dedans.
Bien sûr on est foutus, je me tue à vous le dire.
Oui mais pour l'instant on fait la fête, on s'en fout plein la gueule et on
essaie de ne penser à rien d'autre.
Ca me rappelle Lorenzo da Medicis:
"Quant'è bella giovinezza,
Che si fugge tuttavia,
Chi vuol esser lieto sia,
Di doman non c'è certezza."
Sauf que, nous autres, la belle jeunesse, elle grisouille un peu (non,
je veux dire autre chose) et nous trimballons comme un gros boulet
la certitude que demain ça merdera encore plus qu'aujourd'hui.
Même si, comme il se doit, nos aimables élus cherchent à nous faire
gober le contraire.
Alors, faisons la teuf. Au moins l'ivresse et l'indigestion chassent elles
les idées noires comme le balai du lendemain les immondices des
soirées chargées.
Le 25 Décembre 2010.