En mon âme et conscience, je trouve assez logique et légitime que les élus
Verts-Pastèques participent activement au commerce du cannabis. Il s'agit à la
fois d'un produit bio, par nature, et d'une activité hautement profitable aux "jeunes"
de nos quartiers à grosse sensibilité. Ces charmants bambins apprennent ainsi
les principales règles de la vie en société, le négoce, le travail et sa juste
rémunération, sans oublier le maniement des armes de guerre, discipline fort
négligée depuis la suppression du service-militaire par une Droite bourrelée
d'arrière-pensées nauséabondes.
Le simple fait de pouvoir se familiariser chez soi à l'usage du fusil-mitrailleur
soviétique apparaît de nature à épargner aux jeunes gens concernés les frais et
aléas d'un voyage d'étude au Pakistan ou au Nord-Mali, sans même parler des
menaces de stigmatisation Vallséo-policière au retour.
C'est donc avec une indignation quasi-hessellienne que je m'insurge vigoureu-
sement contre la mise en examen d'une élue écolo parisienne, adjointe au maire
du XIIIeme, ignomigneusement soupçonnée de complicité de trafic de stup et de
blanchiment de fonds droguistes. La malheureuse se voit accusée, tenez vous
bien, de détenir à son domicile une somme de quatre-cent-mille Euros en liquide!
Celle là, elle dépasse toutes les limites des bornes! On a bien le droit de garder
quatre sous chez soi, nom d'une pipe à shit!
Surtout que les habitants de l'arrondissement conservent une forte aversion culturelle
à l'encontre des monnaies scripturale autant qu'électronique. Proposer sa carte-bleue
à un chinetoque c'est un peu comme lui cracher à la gueule; vous voyez un élu du
peuple commettre un impair de ce niveau?
Non, un scandale, un déni de justice, une exécution sommaire, voilà l'affaire!
J'espère ardemment que Dame Taubira y mettra rapidement bon ordre sans quoi je
me verrais contraint de saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme, bordel,
ça leur ferait les pieds, ça!
Tiens, justement, voilà encore un splendide sujet de fierté, l'Europe et ses
Institutions. D'ailleurs, je ne suis pas certain que tout le monde ait bien évalué,
ici et maintenant, l'évènement sans équivalent qui vient de se produire.
Vous avez bien réalisé -je m'adresse là à mes seuls lecteurs Européens, les autres
voudront bien m'excuser et aller m'attendre à la prochaine- vous avez bien réalisé,
disais-je, que vous venez d'obtenir le Prix Nobel de la Paix?
Comme Obama, parfaitement (voir Vertige de l'amour.) !
Bon, d'accord ça ne vous en met pas plus dans la poche vu que huit millions de
Couronnes divisé par trois-cents millions de couillons, ça ne pisse pas bien loin.
Mais c'est pas la question, punaise! Vous réalisez l'honneur, j'espère! Prix Nobel!
Nom de Dieu, faites pas cette tête, on dirait qu'on vient de vous refiler le Mérite-
National!
Eh bien moi, je vous le dis comme je le pense, je me sens honoré. Et doublement,
du coup, vu que Nouratin, par chez moi, c'est précisément le diminutif d'Honoré,
vous aurez toujours appris ça, qu'est-ce qu'on dit?
Oui, profondément, honoré. Profondément, c'est le mot! Je le sens bien.
L'Europe, jusqu'à présent, je la trouvais un peu saumâtre, dure à avaler vu la masse
de connerie qu'elle trimballe derrière elle. L'Union Européenne, c'est l'art politique
de transformer une bonne idée en cagade monstrueuse. Le cas d'école, l'exemple
éclatant des énormités que les démocraties peuvent réaliser quand elles se mettent
toutes ensemble pour engendrer le bonheur-commun des Peuples unifiés.
Oui mais voilà, ça c'était avant que le Prix Nobel ne me soit décerné.
Désormais les choses m'apparaissent sous un angle diamétralement opposé. Et
Dieu sait, même s'Il n'est pas géomètre, qu'un angle diamétralement opposé, c'est
plus du tout la mime chose pareil, comme disait Mohamed au temps hideux des
colonies.
J'ai l'air de déconner, comme-ça, mais pas complètement, quand même.
Vous allez voir, suivez moi bien.
Déja, first point, par esprit de contradiction.
Je constate que tout le monde semble considérer cette décision de nous filer le Prix
comme une énorme connerie. Qand je dis, "tout le monde", c'est, avant tout, la Gauche.
Bon, attendez, pas les types du Gouvernement bien sûr, eux, vu leur statut ils ne
peuvent pas se permettre la critique vicelarde, faut rester correct et faire semblant
d'exulter. En revanche, tout le reste de la Grande Famille fait la fine gueule.
Méluche, le Nouvel Obscènateur, Libé, les Droidelhommistes, tout le ban et l'arrière-
ban de la bien-pensance germanopratine, bref la crème, quoi.
Voilà. Paraîtrait qu'elle aurait divergé de la juste ligne, l'Europe. Qu'on n'accueillerait
plus à bras ouverts toute la racaille qui se presse aux frontières de Schengen. Qu'on
se serait loupés sur la guerre des Balkans pour avoir insuffisamment fellationné les
musulmans et pas assez niqué les Serbes. Et, bien évidemment, qu'on écrase les
peuples souffrants sous une austérité d'autant plus injuste qu'elle préserve avec la
perversité qu'on sait, les intérêts des riches et des puissants.
Je résume mais l'essentiel est là. J'ai du mal à souscrire.
Second and last point, par esprit d'équité.
Souvenons nous, même si nous n'étions pas encore de ce monde, enfin pas
tous, qu'en quelque vingt ans les Allemands et nous autres Franchouilles, avec
l'aide déterminante d'un certain nombre de seconds-couteaux européens,
nous avions minutieusement organisé dans la première moitié du siècle
dernier les deux plus épouvantables et plus gigantesques massacres de
tous les temps.
Des abominations défiant toute concurrence, jamais on n'avait rien vu de pareil et,
avec un peu de pot, on ne reverra jamais plus.
On ne reverra, je l'espère, jamais, non pas par l'opération du Saint-Esprit mais
bien parce qu'au sortir de ces horreurs, nos parents, nos grands-parents, ont
pris le bovidé par les cornes et décidé de se mettre ensemble histoire de se
réconcilier définitivement.
En faisant l'Europe!
Après, on peut gloser sur les modalités, critiquer à l'infini toutes les âneries
qui nous ont enfoncés dans le merdier qu'on sait, regretter tous les connards-
profiteurs-incapables, placés on ne sait trop comment aux postes hyper-juteux
d'une administration sinoque.
D'accord.
Mais sur le principe, sur l'idée de départ, je vois mal ce qu'on pourrait trouver à
redire. Pour imaginer quelque chose de plus beau que la réconciliation des
irréconciliables, confirmée par la durée - soixante ans- il faut de lever de bon
matin, comme on dit puis. Non, je me fourvoie?
Et puis, sacré nom, regardons un peu la liste des lauréats du Nobel de la Paix.
Sans aller chercher avant la dernière guerre, vous y trouvez pêle-mêle des
bouffons comme Jimmy Carter, Kissinger et Le Duc Thô (pour ceux qui voient),
Esquivel, Monseigneur Toutou et sa boîte de Canigou, Arafat et son torchon sur
la chetron, le camarade Barack-Hussein avant même qu'il ait eu le temps de se
retourner. Je passe sur Léon Jouhaux, le syndicaliste et sur Nelson Mandela,
afin de ne pas trop aggraver mon cas. J'ajoute juste les Nations-Unies et le
Bureau International du Travail en vue de garder pour la bonne bouche le gros
effet comique.
Et à part ça, on trouve déplacé de le conférer à l'Union-Européenne, le Prix Nobel!
Eh bien moi, je suis désolé, j'approuve. En ce qui concerne la paix elle soutient
haut-la-main la comparaison, l'Europe, y a qu'à voir les autres! C'est scandaleux
de nous récompenser après soixante ans? Obama, ils lui ont bien refilé le bidule
au bout de six mois, non? Et tout le monde a trouvé ça génial! Je veux bien que
nous n'ayons pas encore de président noir chez nous mais à l'allure où on bronze
ça ne saurait tarder. Alors!
Et puis, justement, tenez, non seulement c'est pas trop tôt qu'on nous nobélise,
mais encore, fallait pas non plus différer . N'en déplaise aux Condegôche, on
entre en Europe comme dans une pissotière. En conséquence, les sympathiques
diversités enrichissantes qui nous envahissent à jet continu nous préparent pour un
de ces quatre une situation de guerre civile peu propice à l'octroi du prix en question.
A moins, comme dirait Dixie, que nous ne nous laissions greffer sans rouspéter
une nouvelle tête...
Bien sûr, à la place du Prix Nobel, j'aimerais encore beaucoup mieux qu'on nous la
foute, la paix.
Mais il ne faut pas, bien sûr, se montrer trop exigeant.
Allez dans la paix du Comité d'Oslo.
Et merde pour qui ne me lira pas.