Je m'en souviens très bien. Je vous parle de vers le début des années 70, ça nous remet loin, pas vrai? Alors, à l'époque, en plein trentièmes-glorieuses, juste avant le premier choc pétrolier, le truc branché c'était le "Club de Rome". Une espèce de think-tank, comme on ne disait pas encore, très huppé, avec des tronches de super-niveau, tout ça. Et ces mecs-là (aucune trace de nana dans l'équipe, la parité on n'en avait encore pas grand chose à branler) ils avaient pondu un rapport vachement chiadé sur l'évolution prévisible de la Terre et de l'Humanité. Le titre traduit en français, ça donnait: "Halte à la croissance?" si ma mémoire tient le choc. Je ne vous dis pas le succès! Moi, en ces temps très anciens, je lisais "Le Monde"...enfin, je l'achetais, histoire de me conformer aux instructions propagandistes de certains profs d'université dont j'appris, par la suite, qu'ils émargeaient tous plus ou moins au Parti Socialiste. Et, dans ce torchon de merde, véritable sous-marin atomique de la pensée intello-gauchiarde visant à fabriquer des générations de zombies à cerveau programmé bien-pensant-progressiste, on trouvait à ce moment-là des chiées d'articles s'intitulant tous, peu ou prou, "Croissance zéro". L'idée leur plaisait énormément, à tous ces connards hyper-intelligents. Faut dire qu'à l'époque la croissance ça puait le capitalisme à plein nez, les profits, tout ça. Ah, les profits! ils en avaient plein la bouche : l'horreur, vous pensez : les gros porcs à gros cigares qui se goinfraient à s'en faire péter le costard trois-pièces, sur le dos des pauvres ouvriers exploités à bloc; un vrai bonheur pour le dévot sartrien-germanopratin, lequel se contentait d'encaisser ses dividendes tout en regardant de l'autre côté!
Oui, sauf que l'ouvrier, lui, il ne lisait pas "Le Monde", même plus l'"Huma". "France-Soir" à l'extrême rigueur chez les Parigots et la presse régionale en Province mais bien plus fréquemment l'"Equipe et "Paris Turf". La croissance il la voyait plutôt d'un bon oeil, le manard, vu qu'en quelques années elle lui avait offert le "confort-moderne", la bagnole, la télé, le frigo pour les canettes et puis aussi les vacances afin de dépenser agréablement le trop-plein. Sans parler de la machine à laver et de la cocotte-minute pour bobonne qui, au cours de sa seconde journée de travail, pouvait ainsi trouver le temps de lui apporter sa petite bière gentiment rafraîchie quand il rentrait du bistrot. Il savait bien, lui, Bébert, ou Paulo, ou même Marcel, on s'en fout, il savait, disais-je, d'où il partait et où il en était rendu. Bon, ça ne l'empêchait pas de revendiquer toujours plus mais, vu que la combine marchait à tous les coups on voit mal pourquoi il se serait gêné. En tout cas, l'expansion, comme on disait, il ne se posait pas vraiment la question mais, dans le fond, ça l'enchantait comme pas possible. Il s'embourgeoisait même tellement, le Jeannot, qu'à la fin, dégoûtés, nos directeurs de conscience gauchiasses ont décidé de nous faire le coup de l'homme-nouveau...d'où l'immigration massive et le changement de population subséquent. C'est bien en ce temps-là que, toujours dans "Le Monde", on a commencé à voir apparaître une ribambelle d'articles indignés sur la misère sexuelle du travailleur immigré et sur l'urgente nécessité d'autoriser le regroupement familial...ce qu'une fois Pompidou clamsé, les frères-ennemis Giscard-Chirac se sont empressés de réaliser avec le bonheur que l'on sait. Cependant, ne digressons pas trop.
J'en reviens donc à ma "croissance zéro". L'idée, qui, semble-t-il, n'effleura pas une seconde les rapporteurs du Club de Rome mais germa aussitôt dans l'esprit illuminé des gazettiers de la Rue des Italiens, consistait à tout arrêter. Fini l'expansion, on gèle l'économie, on s'arrange -sans trop savoir comment- pour rester stable, pile-poil, en équilibre parfait, toujours au même niveau : zéro pour cent de croissance ad vitam aeternam, vu qu'on se trouve très bien comme on est, surtout à la Terrasse du Flore! De la sorte vous préservez les ressources naturelles et vous sauvez la planète d'une mort certaine attendue aux alentours de l'an 2000. En conséquence vous apportez un bonheur quasi-éternel aux hommes de bonne volonté et même aux autres, je veux dire les gonzesses, quoi. Voilà! Alléluia les choux sont gras, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et le fascisme ne passera pas. Fermez le ban! Dans les tronches de ces peigne-culs qui façonnèrent au moins deux générations de nos élites franchouilles, la vérité révélée apparaissait dans toute sa majesté, venant de Rome, certes, mais personne n'est parfait. Et vous vous étonnez de constater à quel niveau de déchéance nous voilà tombés aujourd'hui ?
L'engouement pour cette cagade dura bien quelques mois et puis, vous savez ce que c'est, on est passé à autre chose. Et puis ça à commencé à merder avec les histoires d'OPEP, de renchérissement du coût de l'énergie et autres calamités plus ou moins durables. Du coup, la croissance dégringola toute seule, sans toutefois atteindre, loin s'en faut, ce fameux zéro que l'action conjuguée de la mondialisation, de l'incurie européenne et de l'équipe de choc à Culbuto, allait finir par nous servir sur un plateau pas plus tard que cette semaine.
Et voici donc le Président de la République qui réalise aujourd'hui, sans enthousiasme excessif toutefois, l'objectif de ses vingt ans! C'est y pas beau, ça? Après, peut être son passage par HEC lui a-t-il inspiré quelque réserve sur ce point mais la Rue de Solférino, en tout cas, sut le convaincre de l'impérieuse nécessité de garder le cap du socialisme de Grand-Papa, en d'autres termes de tout faire pour assurer la ruine économique du Pays. Dans le cas contraire, vous ne pouvez ni gagner l'élection ni même faire mine de gouverner. Ainsi, toutes les mesures décidée lors de la prise de pouvoir socialope annonçaient-elles un effondrement de l'économie qui n'a pas manqué de se produire et dont Hollandouille, au fil du temps, prend conscience avec l'effarement du couillon déçu qui croit de moins en moins en sa bonne étoile.
Pourtant, depuis 2012 et son changement que c'est maintenant, il en a proféré des incantations, des pronostics à la Coué, des embellies qui arrivent, des bouts du tunnel, des Retournement... mais ouiche! Tiens voilà mon zob! Plus ça va pis c'est, y a rien qui rigole! Même la danse de la pluie, il doit faire matin et soir, je vous jure! La preuve : jamais on n'avait vu un été aussi pourri. Mais pour la croissance : zéro! Zéro pointé, même, avec tous les emmerdes infernaux qui ne manqueront pas de suivre! Rentrées fiscales en berne, objectif des trois pour cent en capilotade, Bruxelles qui va encore gueuler, Merkel qui nous pissera dessus de plus belles, les Socialo-Frondeurs qui vont foutre le bordel pire que jamais...heureusement encore qu'il y a l'UMP pour pas trop chatouiller le Gouvernement, sans quoi ça virerait au cauchemar absolu, cette histoire.
Et le plus rigolo -enfin, à condition d'avoir un gros sens de l'humour- ça reste encore l'absence totale de solution. Rien à faire! Ils voudraient bien leur faire plaisir, Pépère et Vallsounet, aux vrais gauchiards, aux durs, aux marxistes, aux trotskystes, aux maoïstes, aux mélanchonnistes, aux écologistes-pastèques...pas possible...encore heureux! Dans le fond, l'Europe et l'Euro ont toujours ça de positif qu'ils limitent le déconnage économique de la Gauche Franchouille, sans quoi nous aurions déjà dévalué quatorze fois depuis Les drapeaux de La Bastille.
Mais bon, complètement coincés entre les exigences de sinistres réalités et les revendications de plus en plus pressantes de leur majorité de mes deux, Culbuto et Manolo peuvent s'attendre à en chier comme des Russes dès la rentrée...Tiens, à propos de Russes : manquait plus que cette saloperie de Vladimir qui nous colle un embargo sur les fruits et légumes! Déjà qu'il nous avait empêchés d'aller aider nos petits Djihadistes de banlieue en bombardant Assad, maintenant, voilà t-il pas qu'il nous étrangle nos braves agriculteurs... du coup, en Septembre on va encore avoir droit aux Bonnets-Rouges en supplément de programme! Un véritable enfer, vous dis-je.
Enfin, heureusement il y a Julie et surtout le citrate de sildénafil, tiens, dans ce domaine-là, au moins, on sait quoi faire pour la redresser la croissance zéro!
Allez, veuillez m'excuser et passez donc un bon Dimanche.
Et merde pour qui ne me lira pas.